Pourquoi tant de femmes échappent encore au dépistage du cancer du col en France ?

Publié le 29 octobre 2025 à 20:08

En France, chaque année, 3379 femmes reçoivent un diagnostic qui bouleverse une vie : celui du cancer du col de l’utérus. Près de 1500 d’entre elles n’y survivent pas. Le cancer du col de l'utérus se classe au 12e rang des cancers les plus fréquents chez les femmes et au 4e rang chez les femmes âgées de 15 à 44 ans, selon les données du Centre d'information sur le VPH (HPV World). Malgré les progrès de la médecine, ces chiffres nous rappellent que la prévention reste essentielle pour sauver des vies.

 

Ce qui rend le cancer du col de l'utérus particulièrement dangereux, c'est qu'il se développe souvent silencieusement. À ses débuts, il est généralement asymptomatique. Lorsque des signes avant-coureurs apparaissent, ils peuvent inclure des saignements vaginaux après un rapport sexuel ou la ménopause, des saignements entre les règles, des pertes vaginales anormales ou des douleurs pelviennes. À mesure que la maladie progresse, les symptômes peuvent s'aggraver et inclure des douleurs lors de la miction ou de la défécation, un gonflement des jambes ou des douleurs lombaires sourdes. Une fois les symptômes présents, le traitement devient beaucoup plus complexe, ce qui souligne l'importance du dépistage avant l'apparition des symptômes (Institut national du cancer).

 

La France propose un programme organisé de dépistage du cancer du col de l'utérus et, depuis 2019, un programme national de dépistage basé sur le VPH pour les femmes âgées de 30 à 65 ans. Pourtant, la participation reste inégale. L'enquête EDIFICE 6, publiée en 2021, a révélé que si 88 % des femmes de la population cible avaient effectué au moins un test de dépistage au cours de leur vie, seules 73 % l'avaient fait au cours des trois dernières années, l'intervalle recommandé. Les femmes n'ayant jamais été dépistées étaient plus susceptibles d'être jeunes, célibataires ou socialement vulnérables, tandis que celles qui n'étaient pas à jour dans leur dépistage étaient généralement plus âgées et vivaient également seules. Le fait de vivre seule multipliait par plus de deux la probabilité de ne jamais être dépistée. Les auteurs ont conclu que les actions de sensibilisation et d'éducation devraient cibler spécifiquement les femmes confrontées à l'isolement social ou à des difficultés économiques.

 

Une étude qualitative plus récente, publiée en 2024 par Stéphanie Mignot et al., a apporté un éclairage plus approfondi sur ces chiffres. Grâce à des entretiens approfondis avec des sages-femmes, des médecins généralistes et des gynécologues, les chercheurs ont découvert que le respect des recommandations de dépistage dépend souvent de facteurs émotionnels et relationnels lors des consultations. Certains professionnels de santé ont indiqué qu'ils évitaient d'insister sur la question du dépistage afin de préserver la confiance et le confort de leurs patientes, en particulier chez les femmes issues de milieux socioculturels défavorisés, pour lesquelles les soins préventifs ne sont pas toujours une priorité. 

 

Dans l'ensemble, ces résultats suggèrent que le défi en France ne réside pas dans les connaissances médicales, mais plutôt dans une combinaison de vulnérabilité sociale, d'obstacles pratiques et de lacunes en matière de communication. Développer davantage d’interventions pour la vaccination contre le HPV et renforcer la confiance du public pourrait faire une réelle différence.

 

En matière de cancer du col de l'utérus, la prévention et le dépistage précoce sont essentiels. Une fois les symptômes apparus, la lutte est beaucoup plus difficile. Le dépistage et la vaccination, lorsqu'ils sont combinés, restent les outils les plus efficaces dont dispose la France pour se rapprocher de l'élimination de cette maladie évitable.