Oh là là, qu’est-ce qui se passe avec les bébés ? Naître trop tôt, mourir trop tôt : l’autre crise de santé publique en France

Publié le 26 octobre 2025 à 23:06

La France a longtemps été reconnue pour la solidité de son système de santé maternelle et infantile, l'un des plus performants d'Europe. Cependant, les données récentes révèlent une évolution préoccupante : selon l'Insee, et relayée par Le Monde, le taux de mortalité infantile, correspondant aux décès avant l'âge d'un an pour 1 000 naissances vivantes, a atteint 4,1 % en 2024, soit environ un décès pour 250 naissances. Après des décennies de baisse continue, l'Insee souligne que ce taux "stagne et augmente même" depuis 2021, marquant une rupture avec la tendance historique de progrès sanitaire en France.

De plus, selon la DREES, 6,6 % des naissances vivantes en France métropolitaine en 2023 ont été prématurées, c'est-à-dire survenues avant 37 semaines de gestation. Ce taux est resté stable depuis 2020. En revanche, dans les départements et régions d'outre-mer (DROM), tels que la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, La Réunion et Mayotte, la prévalence des naissances prématurées est nettement plus élevée, atteignant 10,1 % en 2023.

La littérature mondiale sur la santé a largement étudié les causes de la prématurité, souvent liée à des complications de grossesse, à l’âge maternel avancé, à l’obésité, au tabagisme, au stress socio-économique et, plus globalement, aux inégalités sociales. En septembre 2025, l’Inserm a dévoilé, lors d’une conférence de presse, des résultats mettant en évidence le rôle des inégalités économiques dans la récente hausse de la mortalité néonatale en France, particulièrement marquée dans les zones défavorisées. D’autres analyses nationales  pointent également du doigt la fermeture progressive des petites maternités, passées de 1 369 en 1975 à 457 en 2019, l’éloignement croissant des établissements de naissance, plus de 900 000 femmes vivant à plus de 30 minutes d’une maternité, et le manque de personnel, autant de facteurs aggravant les risques pour les mères et les nouveau-nés.

Cette hausse met en évidence des fragilités structurelles au sein du système de santé français. L’accès aux soins prénatals reste inégal et les services maternels de proximité disparaissent progressivement.

En tant que chercheuse en santé publique, je vois dans ces données bien plus que de froides statistiques : elles incarnent des destins, ceux de familles et d’enfants qui auraient mérité un avenir meilleur. Si cet article offre une analyse journalistique plutôt qu’une étude scientifique exhaustive, il met en lumière une vérité essentielle : une recherche approfondie est nécessaire pour comprendre les véritables causes de la prématurité et de la mortalité néonatale dans un pays qui fut autrefois un modèle en matière de santé maternelle et infantile.